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Interview
06 janv 2008 à 23h18 par Sapho Tohya
Interview de Patrck Javault, conservateur, responsable de la programmation de l’auditorium du Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg
Pensez-vous que l’Art est un travail ? Si oui, comment expliquez-vous le manque de reconnaissance sociale ?
Oui, c’est un travail. Mais on peut aussi être un artiste sans travailler. Les deux attitudes sont possibles. Avant d’être un statut social, être artiste c’est une position, une envie. Après seulement rentre en ligne de compte la reconnaissance du Public.
La reconnaissance sociale vient, je pense, quand l’artiste est connu et vend cher.
L’Art est dépendant du marché et c’est le marché qui détermine la reconnaissance d’un individu donc d’un artiste. Un artiste dépend énormément du succès commercial plus qu’un écrivain ou qu'un musicien.
La difficulté est de séduire un collectionneur qui a du poids et de l’influence. Mais il faut aussi avoir cette ambition d’éclairer les gens, de les réunir autour d’une idée.
Je ne suis pas convaincu de mettre en avant la reconnaissance sociale. Etre artiste c’est prendre le risque de ne pas être reconnu socialement, méconnu. Mais aussi de devoir parfois trouver d’autres façon de subsister car la voie artistique n’est pas toujours la plus facile.
Mettre en avant cette notion de travail : oui et non.
On a souvent l’impression d’une mauvaise conscience. « C’est un vrai travail que je fais ». Cette position de ne pas travailler dans un bureau. Nous, nous sommes les intermédiaires, on se greffe sur les artistes. Les artistes créent aussi des emplois.
L’artiste a-t-il une place privilégiée dans la société ?
Pas en France. Il n’y a pas d’artiste à dimension populaire, de figures auxquelles le public s’attache. Même les artistes officiels sont loin d’avoir une vraie reconnaissance institutionnelle. Daniel Buren par exemple n’est pas quelqu'un qui est connu de tout le monde et qui passionne les foules. Privilégié oui, quand on arrive à bien vendre ses œuvres, mais l’image de l’artiste n’est pas excessivement forte aujourd’hui. Ce qui est fort c’est l’exposition, le secteur culturel. Aujourd’hui Il n’y a plus de figure emblématique comme à une époque, Dali.
Afin d’avoir une lisibilité dans la société faut-il être un commercial avant d’être un artiste ?
C’est peut-être pas commercial, mais un artiste se doit d’avoir une stratégie artistique. Etre artiste c’est d’une façon ou d’une autre, c’est savoir parler de son travail, faire les bon choix. C’est une position d’affirmation, c’est ça une stratégie artistique. Ce qui me frappe aujourd’hui c’est qu’on est beaucoup plus dans l’identification et la reconnaissance de choses que dans la vraie interprétation.
L’Artiste doit-il être prétentieux ?
Oui. Il doit être prétentieux. Même dire « personne ne m’aime, personne de me comprend » c’est être prétentieux. Personne ne vous force à être artiste.
Pensez-vous que l’Art est un travail ? Si oui, comment expliquez-vous le manque de reconnaissance sociale ?
Oui, c’est un travail. Mais on peut aussi être un artiste sans travailler. Les deux attitudes sont possibles. Avant d’être un statut social, être artiste c’est une position, une envie. Après seulement rentre en ligne de compte la reconnaissance du Public.
La reconnaissance sociale vient, je pense, quand l’artiste est connu et vend cher.
L’Art est dépendant du marché et c’est le marché qui détermine la reconnaissance d’un individu donc d’un artiste. Un artiste dépend énormément du succès commercial plus qu’un écrivain ou qu'un musicien.
La difficulté est de séduire un collectionneur qui a du poids et de l’influence. Mais il faut aussi avoir cette ambition d’éclairer les gens, de les réunir autour d’une idée.
Je ne suis pas convaincu de mettre en avant la reconnaissance sociale. Etre artiste c’est prendre le risque de ne pas être reconnu socialement, méconnu. Mais aussi de devoir parfois trouver d’autres façon de subsister car la voie artistique n’est pas toujours la plus facile.
Mettre en avant cette notion de travail : oui et non.
On a souvent l’impression d’une mauvaise conscience. « C’est un vrai travail que je fais ». Cette position de ne pas travailler dans un bureau. Nous, nous sommes les intermédiaires, on se greffe sur les artistes. Les artistes créent aussi des emplois.
L’artiste a-t-il une place privilégiée dans la société ?
Pas en France. Il n’y a pas d’artiste à dimension populaire, de figures auxquelles le public s’attache. Même les artistes officiels sont loin d’avoir une vraie reconnaissance institutionnelle. Daniel Buren par exemple n’est pas quelqu'un qui est connu de tout le monde et qui passionne les foules. Privilégié oui, quand on arrive à bien vendre ses œuvres, mais l’image de l’artiste n’est pas excessivement forte aujourd’hui. Ce qui est fort c’est l’exposition, le secteur culturel. Aujourd’hui Il n’y a plus de figure emblématique comme à une époque, Dali.
Afin d’avoir une lisibilité dans la société faut-il être un commercial avant d’être un artiste ?
C’est peut-être pas commercial, mais un artiste se doit d’avoir une stratégie artistique. Etre artiste c’est d’une façon ou d’une autre, c’est savoir parler de son travail, faire les bon choix. C’est une position d’affirmation, c’est ça une stratégie artistique. Ce qui me frappe aujourd’hui c’est qu’on est beaucoup plus dans l’identification et la reconnaissance de choses que dans la vraie interprétation.
L’Artiste doit-il être prétentieux ?
Oui. Il doit être prétentieux. Même dire « personne ne m’aime, personne de me comprend » c’est être prétentieux. Personne ne vous force à être artiste.
Sapho Tohya Trenkle
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